Ninar Esber
Partant de l’expérience - celle de la féminité mais aussi de l’élévation et de la lenteur -, le travail de Ninar Esber touche profondément la notion d’identité tout en traçant une vision poétique du monde. L’artiste utilise le corps comme élément support d’une symbolique collective, mis à l’oeuvre en relation avec l’architecture et des objets quotidiens pour travailler la notion de contexte, au sens relationnel, social voire politique du terme. Dans ses photographies, ses vidéos ou ses performances, la sensualité qui irrigue toute l’œuvre questionne les genres, la morale et ses autorités. Ainsi, elle se sert des stéréotypes pour mieux les critiquer : la pin-up et la star hollywoodienne (la performance On the Rooftop of Kom Ghrab en 2008, la série de photographies NMM ou encore Pin-up), les supers-héros (FEMALE, 2009), les symboles culturels (Les Couleurs, Arlésienne), etc.
Ninar Esber est née en 1971, à Beyrouth (Liban) et elle vit entre Paris et Beyrouth. Après une formation à l’Ecole Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy (France) entre 1995 et 2000, elle montre son travail à Paris (France), Bangkok (Thaïlande) ou encore à Reykjavik (Islande) au tournant des années 2000.
Elle a participé à des expositions, telles que Traversées entre 2008 et 2010 au Grand Palais à Paris (France) à Rabat (Maroc) ainsi qu'au Caire (Egypte), Word into Art en 2006 au British Museum de Londres (Grande-Bretagne). Tout récemment, elle a travaillé à Darat Al Funun en Jordanie. L’artiste a béneficié de plusieurs résidences, en 2010 à Nowa Soda, Contemporary Art Center-Solvay de Cracovie (Pologne) ou encore en 2006 à La villa Médicis Hors les Murs à New York. En 2011, elle participe à la 12ème biennale d’Istanbul (Turquie).
The Good Seed
Performance à la galerie Imane Fares Paris
Durée 128 heures
2012
Trier les graines de maïs selon leurs couleurs ou leur formes (déformées, abimées, écrasées etc..). Les grouper et les assembler par tas monochromes.
1 Tonne de Maïs.
Le monde en général et le Proche-Orient en particulier se dirige depuis plusieurs décennies, vers un « nettoyage ethnique » qui s’exprime par l’exode forcé de populations longtemps mélangées. Un
processus de mise à distance de « l’autre ».
Les sunnites ne veulent vivre qu’avec des sunnites, les chiites ne veulent pas vivre avec les Sunnites ; les minorités sont soit assimilées soit chassées ou tuées. Les Israéliens avec les
Palestiniens, les Turcs et les Arabes avec les Kurdes, les chrétiens avec les musulmans et vice versa.
Les nationaux avec les immigrés, les hommes avec les femmes, les Roms en Europe etc…
Que ce soit en Iraq, aujourd’hui en Syrie, au Liban ou en Israël/Palestine et dans le reste du monde arabe, plus personne n’est pour le mélange. Le monde occidental n’échappe pas à la triste
règle.
Lorsqu’on est différent, on doit rester loin avec une enseigne bien claire pour marquer sa « non ressemblance », afin qu’il n’y ait aucun risque de malentendu ou d’assimilation.
Par le fait de triller la même graine mais de couleurs et de formes différente, je « rejoue » ce qui se passe dans cette région du monde, où chacun se prend pour le créateur ou le juge suprême,
et décide de la vie ou de la mort de ses concitoyens.
Le fait d’être derrière un bureau et de travailler d’une manière froide « bureaucratique » qui engendre une certaine routine, s’apparente métaphoriquement à certaines décisions de destruction ou de massacre parfois prises de sang-froid et dans des réunions autour d’une table.
Les sunnites ne veulent vivre qu’avec des sunnites, les chiites ne veulent pas vivre avec les Sunnites ; les minorités sont soit assimilées soit chassées ou tuées. Les Israéliens avec les Palestiniens, les Turcs et les Arabes avec les Kurdes, les chrétiens avec les musulmans et vice versa.
Les nationaux avec les immigrés, les hommes avec les femmes, les Roms en Europe etc…
Que ce soit en Iraq, aujourd’hui en Syrie, au Liban ou en Israël/Palestine et dans le reste du monde arabe, plus personne n’est pour le mélange. Le monde occidental n’échappe pas à la triste
règle.
Lorsqu’on est différent, on doit rester loin avec une enseigne bien claire pour marquer sa « non ressemblance », afin qu’il n’y ait aucun risque de malentendu ou d’assimilation.
Par le fait de triller la même graine mais de couleurs et de formes différente, je « rejoue » ce qui se passe dans cette région du monde, où chacun se prend pour le créateur ou le juge suprême,
et décide de la vie ou de la mort de ses concitoyens.
Le fait d’être derrière un bureau et de travailler d’une manière froide « bureaucratique » qui engendre une certaine routine, s’apparente métaphoriquement à certaines décisions de destruction ou de massacre parfois prises de sang-froid et dans des réunions autour d’une table.
Conversation avec le poète Adonis
Conversation entre le poète Adonis et Ninar Esber, le 12 mars 2014 à 19 heures
Le livre exprime depuis deux millénaires un ensemble de valeurs et de représentations du monde. Au Ier siècle après J.-C., l’apparition du codex constitua à Rome une véritable révolution, rendant progressivement l’usage du rouleau obsolète.
« L’univers est un immense livre », affirmait le philosophe mystique Ibn Arabi au XIIe siècle. En Occident, c’est également durant le XIIe siècle que l’on commença à diviser les livres en chapitres selon une succession logique et un plan d’ensemble. Mais au-delà de son contenu, de ses textes et images, le livre présente une matérialité, une forme qui lui est propre. C’est sans doute et avant tout grâce à sa forme matérielle que son succès durable s’explique.
“Whatʼs on a girlʼs mind"
Néon
Vue de lʼexposition , Galerie Sans Titre, Bruxelles
2009
Je mʼallonge à côté de L et je trace le vide qui se trouve entre nous. Le vide forme ce dessin réalisé en néon. 186 x 67